La police d’Irlande du Nord embarrassée par une double fuite de données


La police d’Irlande du Nord (Police Service of Northern Ireland, PSNI) a annoncé mercredi 9 août avoir mis en place une cellule d’urgence pour analyser les risques que courent ses employés, au lendemain de la publication par erreur d’une liste d’environ 10 000 de ses fonctionnaires – agents et personnels administratifs.

Le fichier, contenant les noms, prénoms, grades, ville d’affectation et département des agents, a été mis en ligne quelques heures sur le propre site du PSNI, en raison d’une erreur humaine. En répondant à une question d’un citoyen qui souhaitait connaître les chiffres des effectifs de la police nord-irlandaise, « l’un de nos collègues a malheureusement inclus par erreur dans sa réponse les données utilisées pour calculer ce chiffre », a expliqué le numéro deux du PSNI, Chris Todd.

Cette « fuite » de données est particulièrement sensible en Irlande du Nord, où les policiers ont régulièrement été la cible d’attaques durant et après la guerre civile irlandaise – environ 300 agents du RUC, le prédécesseur du PSNI, ont été tués par des attentats, majoritairement attribués aux groupes paramilitaires républicains, durant les « Troubles » (1968-1998). Malgré l’accord de paix du Vendredi saint de 1998 et le démantèlement du RUC (majoritairement protestant) en 2001 pour mettre en place un PSNI largement réformé et moins discriminant envers les catholiques, les officiers de police sont encore régulièrement la cible d’attaques de groupes paramilitaires. En février, un policier nord-irlandais a ainsi été touché par plusieurs balles à Omagh ; sept hommes soupçonnés d’être liés à l’IRA ont été mis en examen pour cette attaque.

Risque « sévère » d’attentats

« Il y a beaucoup de peur », a expliqué au Guardian un policier nord-irlandais sous couvert d’anonymat, « certains agents ont quitté leur maison temporairement ; certains n’avaient pas dit à leur famille ou à leurs amis qu’ils étaient policiers. C’est notamment un problème pour les agents travaillant sous couverture. » « Vingt-cinq ans après les accords de paix, les policiers du PSNI continuent de vérifier qu’il n’y a pas de bombe sous leur voiture chaque matin avant de partir au travail », note The Irish Times.

Cette « fuite » de document se double d’une autre révélation embarrassante pour le PSNI : mercredi, le service a dû reconnaître qu’il avait été victime d’un autre vol de données, plus limité mais grave, après le vol, début août, dans un véhicule privé, d’un ordinateur contenant une liste de 200 de ses employés. Le PSNI assure avoir commencé à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de ses agents : depuis le mois de mars, les autorités nord-irlandaises ont passé le niveau d’alerte terroriste à « sévère », estimant qu’il était « très probable » que de nouveaux attentats aient lieu.



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